Histoire d’un viol
Je ne vais pas prendre de pincettes.
Je ne vais pas mentir.
Je ne vais pas cacher.
Je vais raconter.
Mon voyage au Gabon a été un des plus dur voyage que j’ai vécu. Il a aussi été un des plus beaux. En intensité, en ouverture, en guérison de moi-même.
Cet article est illustré des photos de mon voyage, en 2016, et de nombreux portraits de la femme que j’ai été là-bas.
Plonge avec moi dans mon histoire.
Gabon, décembre 2016.
J’ai atterri à Libreville le 22 décembre 2016. Je partais là-bas pour découvrir le pays et pour voyager. On m’avait prévenu que le Gabon n’était pas un pays facile. On m’avait même dit que c’était dangereux.
J’ai eu peur avant de décoller. Mais j’avais prévu ce voyage depuis plusieurs mois. Et j’ai décidé d’y aller malgré tous les avertissements. Parce ce que je crois en mon intuition. Parce que je crois en ma guidance.
J’atterris en pleine nuit.
Un chauffeur vient me chercher pour m’emmener au airbnb que j’ai loué dans un quartier calme de Libreville, la capitale.
Il fait extrêmement chaud. La pluie tombe comme des cordes sur le toit en tôle de mon petit appartement.
Je ne connais pas le pays, je n’ai pas vraiment de plans ni de feuille de route, je suis partie à l’aventure avec mon sac à dos, comme j’aime. Je suis une aventurière, et je suis arrivée dans ce pays la fleur au fusil.



Le premier jour, je sors très peu.
Je crois que j’ai passé la journée à dormir pour m’acclimater au pays. Je reviens d’un voyage d’un mois au Maroc et j’ai besoin de me reposer pour entamer la suite de mon périple.
Le deuxième jour, je décide de prendre un taxi pour aller au centre et visiter la ville.
Je monte dans un taxi et deux jeunes hommes gabonais sont dedans, nous sympathisons illico, le contact passe.
On s’arrête au bord de la plage et ils m’offrent à goûter une noix de coco. Puis ils se proposent de m’emmener manger un morceau dans un boui-boui de la ville. Je les suis. Je suis très contente d’avoir trouvé des « guides » locaux ! Je goûte du crocodile (oui !) et aussi un poisson dont je ne me rappelle plus.
Là, un des deux hommes s’en va, il a des courses à faire, et me laisse avec l’autre, que je nommerais Jee.
Jee propose de me faire visiter la ville. Il est très gentil, expressif, attentionné. Je me laisse guider, je suis très contente de l’avoir rencontré, car il me montre les endroits les plus typiques de la ville, et j’aime rencontrer les gens du pays pour visiter à leur manière. C’est ainsi que je construis mes voyages, au fil des rencontre.
C’était la veille de Noël, le 23 décembre.




Tout va très vite en voyage. Tout es plus intense. On a pas de recul.
Je passe la journée avec Jee. Il m’emmène vraiment partout.
En fin de journée, nous allons boire des bières sur la fête foraine. On parle, on se rencontre. Il ne me lâche pas d’une semelle. Il me fait la cour en fait. Il me prend la main, tente de se rapprocher de moi.
Je le laisse faire, je suis un peu mal à l’aise.
Mais il ne me veut rien de mal et il est si gentil. Nous allons prendre un dernier verre dans une boîte de nuit. Il me dit qu’il me trouve très belle et qu’il aimerait être avec moi (les Gabonais sont très très rapides en demande en mariage). Je lui explique que je suis plus ou moins dans une relation amoureuse et que je ne cherche personne. Je lui explique ça très clairement. Mais je crois qu’il n’entend pas, ou bien qu’il s’en fout.
Je me sens moins seule de l’avoir rencontré, il est vite devenu un point de repère. Il me propose même de m’emmener visiter le nord du pays, rencontrer les populations des villages et sa famille. Ca me tente !
Après avoir bu un verre en boîte, il me raccompagne à mon airbnb. Je le laisse entrer chez moi. Il est très insistant dans ses paroles et extrêmement doué pour me brouiller la tête. À ce moment là, je ne réalise pas vraiment ce qui se passe, je le comprendrais beaucoup plus tard.
Nous buvons un dernier verre et mangeons un morceau ensemble.
Il demande à dormir avec moi. Je ne veux pas. Je lui demande de partir. Il ne veut pas me laisser.
C’était sans doute vers 22h.
Tout d’un coup, il se met à pleuvoir, pleuvoir, pleuvoir des trombes comme il en tombent là-bas à la saison des pluie.
Je me sens mal de le mettre dehors, si tard, sans taxi pour rentrer avec la pluie qui tombe. Je l’autorise à dormir chez moi au pied du lit, mais pas avec moi ! Je dois presque batailler pour cela, mais Jee finit par accepter de dormir par terre.
Au petit matin, il vient dans le lit pour se rapprocher de moi. Je lui dit non, laisse-moi tranquille, je ne veux pas dormir avec toi. Il se remet par terre.
J’éprouve de la culpabilité à le faire dormir par terre mais je n’ai vraiment pas envie qu’il dorme avec moi.




Le lendemain, je suis de mauvaise humeur à cause de ses circonstances.
Je suis à la fois contente de ne pas être seule mais aussi énervée par son comportement que je trouve collant et envahissant.
Je suis contrariée par cette situation et en même temps ambiguë car je ne lui dit pas de partir. Je ne sais pas trop quoi faire.
J’ai peur de me retrouver seule.
C’est tout de même rassurant de l’avoir près de moi pour visiter la ville et je suis un peu vulnérable et sans repère avec les codes du pays. Libreville, c’est la faune !!!
Nous nous promenons dans le quartier où j’habite, un petit tour. Je luis dis ensuite que je veux être seule, que j’ai besoin de me reposer. Après de longues négociations, il accepte de me laisser.
Il me recontacte plus tard dans la journée pour faire un tour. J’accepte. Il m’emmène faire les magasins, il m’emmène chez quelqu’un de sa famille pour préparer un repas, puis m’emmène me faire les ongles, puis à nouveau chez un autre membre de sa famille qui nous sert à nouveau à manger. Il continue de me faire la cour. Je suis de plus en plus mal-à-l’aise, je lui explique que je ne suis pas disponible, que je suis avec quelqu’un d’autre. Je ne cesse de repousser ses avances. Il n’est pas violent. Il ne fait aucun geste pour me forcer. Il tente simplement d’être en contact continuellement avec moi en me prenant la main. Que je repousse à chaque fois.
Mais il ne lâche pas l’affaire.
C’est le soir de Noël. Nous allons boire un verre.
Au Gabon, il y a des bars partout avec une musique assourdissante. Nous buvons une bière puis deux, puis trois dans un coin de la ville. J’ai envie de rentrer.
Il me dit:« ne t’inquiète pas j’ai un ami qui peut venir te ramener, mais il est pris dans les embouteillages» (le soir de Noël, c’est la folie, il y a des voitures partout!)
Je patiente. Une heure. Peut-être deux heures.
À 23h, je n’en peux plus, j’ai vraiment envie de rentrer me coucher. Tant pis pour faire la fête, je n’ai pas la tête à ça. Je me fâche et je lui dit : « il fait quoi, ton ami ? Ca fait 3 heures qu’on l’attend. Je vais trouver un taxi ».
Il me suit, évidemment. Nous trouvons un taxi pour que je rentre chez moi. Je lui dit de me laisser, ce qu’il ne fait pas. Il veut me raccompagner pour être sûr que je rentre saine et sauve chez moi. Sur la route, des gens se battent. Je ne suis pas rassurée.



Le taxi nous dépose chez moi. Je ne retrouve plus la grille d’entrée. J’aimerais que Jee reprenne le taxi et me laisse tranquille. Je suis épuisée par ses trois jours d’arrivée, et de harcèlement psychologique. Je me sens vulnérable. J’ai la tête embrouillée. Jee insiste et ne reprend pas le taxi, il descend avec moi.
Je suis partagée entre l’envie qu’il parte, le malaise qui est là depuis le presque début de notre rencontre et ma culpabilité de le repousser continuellement.
Il est gentil, il prend soin de moi, il n’est pas moche physiquement. Intérieurement, je me dis :
« C’est quoi mon problème ? Pourquoi je me sens mal avec lui alors qu’il est super gentil, qu’il m’emmène visiter sa famille, les lieux de Libreville, etc.. Pourquoi je ne veux pas de lui ? »
On rentre chez moi. Je m’assois à la table de la cuisine. Je me rappellerais toujours de ce moment là dans ma tête.
Jee est là, il me parle. Il est à mes genoux.
Je suis dans un état d’épuisement et de vulnérabilité totale.
Il me dit que j’ai beaucoup souffert par amour, et que c’est pour ça que je ne veux pas m’ouvrir à lui. Il me dit que lui, il va tout me donner, il va me faire oublier tous les hommes qui m’ont fait du mal, que je ne sais pas ce que c’est l’amour, qu’aucun homme ne pourra m’aimer comme lui le fera, qu’il va me faire oublier tout le mal que j’ai vécu en amour.
Ses mots me touchent le cœur. Je me met à pleurer.
Je craque. Je pleure. Je lâche tout. J’ai passé 3 jours à lutter contre lui, à ne pas arrêter de lui expliquer que je ne suis pas disponible, à repousser ses avances, mais là, je craque littéralement. Je n’en peux plus de lui dire non. Je n’en peux plus qu’il ne m’entende pas. Je me dis que s’il me voit pleurer, il va comprendre.
Il va comprendre qu’il me harcèle !
Je pleure. Littéralement, je le laisse faire, je décide de ne plus lutter contre lui. Je suis complètement immobile à l’écouter avec mes larmes.



Un viol, ça arrive comme ça. Tout simplement.
Il me prend dans les bras. Il me porte à mon lit. Il me déshabille. Je continue d’osciller entre larmes et explications. Il continue de me rassurer.
À un moment, je me souviens m’être dit :
« Peut-être qu’il a raison. Peut-être que c’est moi qui ai un problème avec les hommes et que peut-être il peut vraiment m’aimer. Peut-être qu’il m’a percé à jour et qu’il peut me sauver. »
À un moment, je me souviens m’être dit :
« Ok, il faut que ça finisse. Il faut que ça finisse, donne lui un préservatif, fais-le jouir et il va partir ! »
Le seul moyen pour qu’il me laisse était de lui donner ce qu’il voulait.
Alors, j’ai finis pas lui dire :
« Ok, va-y, on fait l’amour mais tu te protèges ».
Il a mis un préservatif. M’a pénétré. Ce n’était pas agréable.
J’étais totalement démunie.
Sa queue était rude et sans amour.
Il a arrêté puis il m’a dit : « alors, c’est bien ? ».
Je lui ai répondu que non, ce n’était pas agréable. J’ai cru que c’était fini, qu’il avait compris. Il a enlevé le préservatif.
Puis il a recommencé à vouloir me pénétrer. Je pleurais encore.
Comment est-ce possible qu’un homme pénètre une femme qui pleure sans se rendre compte qu’il la viole ?
C’est à ce moment là que j’ai réalisé.
J’ai réalisé qu’il était en train de me pénétrer sans préservatif et que je pouvais tomber enceinte s’il jouissait en moi. Une alarme s’est allumée illico dans ma tête. J’ai crié, j’ai pleuré, j’ai dit :
« Stop ! Je ne veux pas tomber enceinte, tu es malade ! Tu t’en vas ! Maintenant. »
Cette fois-ci, je ne lui ai pas laissé le choix. J’ai tenu bon.
J’étais en larmes.
Je me suis dit :
« Lorsqu’il va partir, tu vas t’effondrer et ça va être la plus dure nuit de ta vie. »
J’ai cru que je m’arrachais le cœur de devoir le faire partir.
Il est parti.
Les larmes ont cessées instantanément.
Je me suis endormie comme une masse.



Le lendemain, j’ai appelé une amie et ma famille.
C’était le jour de Noël.
J’étais encore embrouillée. J’ai tout raconté à mon amie.
Elle m’a soutenue.
Elle m’a dit avec douceur et amour ce que j’avais besoin d’entendre :
« Tu sais, ce n’est pas parce qu’un mec te veut que tu dois le vouloir. Tu dois choisir les mecs avec qui t’as envie de coucher. Ce n’est pas parce qu’un mec va te faire la cour, être super gentil, te payer tout ce que tu veux, te dire des mots d’amour, que tu dois lui donner ton corps.
C’est toi qui choisis. Imagine que tu dois coucher avec tous les mecs que tu croisent dans la rue et qui sont gentils avec toi ! Ce n’est pas possible. »
J’ai compris. J’ai compris à quel point j’étais vulnérable et que cet homme était entré dans mes failles.
J’ai eu un électro-choc.
J’étais dans une rage folle contre Jee.
J’ai pris la décision de ne pas le revoir, et le lendemain, lorsqu’il m’a contacté par téléphone, je lui ai assené : « on ne se revoit pas, c’est terminé. Je ne veux absolument pas te revoir. »
Évidemment, il n’a pas compris. Il se demandais pourquoi je réagissais comme ça, moi qui m’était ouverte à lui, qui lui avait ouvert mon corps et mon lit.
Il m’a harcelé de messages et d’appels.
Je suis allé boire un coca-cola non loin de chez moi. Il m’a appelé à ce moment là en me disant qu’il n’était pas loin, en s’excusant de son comportement, mais qu’il tenait absolument à ce qu’on discute et à me présenter ses excuses.
J’étais dans une colère noire.
J’ai accepté qu’il vienne pour me présenter ses excuses.
Il est arrivé. Je lui ai dit que ce qu’il avait fait, c’était du viol.
Je lui ai dit, la rage dans la voix :
« À quel moment, depuis qu’on s’est rencontré, je t’ai dit : « oui, je veux coucher avec toi ? Oui, je te veux ? À quel moment ??? »
À aucun moment, je n’ai dit oui. À aucun moment je n’ai exprimé ni verbalement, ni physiquement que je voulais coucher avec toi ».
Je lui ai dit : « Chez nous, ce que tu as fais, c’est du viol. »




Une femme doit pouvoir dire « non » sans avoir peur d’être abusée.
Une femme doit apprendre à respecter et écouter son désir et son rythme.
Un homme doit apprendre à demander le « oui » et le « non » d’une femme et à accepter sa réponse.
Un homme doit accepter de demander si une femme veut coucher avec lui, dès que cela n’est pas clair.
Un homme doit apprendre à laisser une femme parler de son désir, sans attente en retour de pouvoir coucher avec elle.
Un homme, s’il est vraiment clair, doit apprendre à recevoir le « oui » d’une femme sans avoir, une seule seconde, à le forcer. À le soutirer. À le manipuler.
Un homme doit savoir entendre le non et l’accepter sans que cela l’insécurise.
Une femme doit apprendre à choisir selon son désir. Selon les élans de son corps. Elle doit apprendre à toujours écouter et savoir dire non si c’est non. À savoir dire non.




Je ne banalise pas ce qui s’est passé.
Je ne cherche pas d’excuses à Jee. Il n’aurait pas dû abuser de moi.
Il n’aurait pas dû vouloir me forcer à coucher avec lui.
Cet épisode de ma vie m’a beaucoup touché.
Plus jamais une homme ne me touchera si je ne veux pas.
Peut-être que je douterais encore.
Peut-être que j’aurais encore et souvent le sentiment qu’on peut entrer en intrusion dans ma vulnérabilité, dans mon psychisme.
Peut-être.
Toutes les femmes ont cette problématique. Elles portent cet abus en elle.
Je ne laisserais plus faire cela.



J’ai eu besoin de me pardonner.
J’ai eu besoin de me pardonner d’avoir eu à vivre ma sexualité de cette manière.
J’ai eu besoin de me pardonner d’avoir mis si longtemps à me respecter, à croire en moi et en mon corps.
Lorsque je n’ai pas de désir physique pour un homme, je n’y vais pas.
Et l’homme aura beau me donner tous les arguments du monde, mon désir est plus important que le sien.
Mon désir est mon centre sacré. Mon désir est ma boussole.
Si je ne te désire pas, ne me fais pas changer d’avis.
Si je ne te désire pas, ne me pénètre pas.
Si je te désire pas, laisse-moi vivre ma vie et reprend ton chemin.



Il est temps de ne plus autoriser ce schéma de viol et de violence.
Et cela commence par notre histoire. Notre histoire à nous.
Je ne repose pas la faute sur l’homme.
Je ne repose pas la faute sur moi.
Je ne suis pas militante.
Mais j’en parle.
Je parle du viol et du non-consentement aux hommes que je rencontre.
Beaucoup se défendent, ne comprennent pas ce que je dis.
Ils sont dans le déni.
Je sais ce que j’ai vécu. Je sais que ça doit changer.
Tu sais ce que je veux pour toi ?
Que tu te pardonnes.
Que tu comprennes que ton désir est sacré et qu’aucun homme ni aucune femme ne peut le forcer.
Que ton désir n’appartient qu’à toi-même.
Que c’est toi qui choisis.
J’ai envie que tu puisse vivre ta vulnérabilité en totale sécurité.
Que plus jamais tu ne vives des situations où ton non n’est pas entendu et respect..
Que plus jamais tu ne te sentes forcée pour faire plaisir à l’autre.
J’ai envie que tu puisses te pardonner et que tu cesses de porter la culpabilité.
Voilà où j’ai envie de t’emmener.

Mathilde Boussard
Médium & coach Incarnation
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